CHANT
ONZIÈME OU CHANT FINAL
Esclaves,
et
pourtant,
je
suis un écrivain.
Je veux seulement,
leurs
regards affamés sur moi.
Je veux seulement,
-pour
le dernier poète d'occident-
un vrai luxe:
Des
témoins,
des
billions de témoins,
pour le chant final.
Et l'audace,
estinsoupçonnée
parce
que maintenant,
je dois écrire,
notre
chant final.
Des célèbres rugissements,
je
veux,
des
voix sauvages,
pour que le poète,
puisse
l'impossible:
chier dans la salle de bains,
manger dans la salle à manger,
mourir dans un lit,
et
un diplôme de quelque chose,
ne
lui ferait pas de mal.
L'impunité est nécessaire.
La bête,
qu'elle
repose tranquille,
qu'elle
meure en paix.
Le cirque,
n'a
besoin,
que
de son passé.
Je le sais bien messieurs,
la
liberté,
n
'existe pas.
Je l'ai dit moi-même,
mais
le poète,
aime
la liberté.
La luxure,
un
baiser dans les ombres,
et entre les ombres,
l'arc-en-ciel,
et au milieu de l'arc-en-ciel,
Picasso,
ta
colombe,
ta blanche colombe de la paix
et
sa tendre petite merde,
ses célestes petites fientes,
exactement,
sur nos yeux.
Et
pour qu'on comprenne,
je le dis clairement:
J'aime
la liberté.
Assez
de morts.
Pour la patrie aussi.
Nous
regarder longuement dans les miroirs,
et l'amour,
et
la mort,
nous
en sommes écoeurés.
Nous savons,
que
le plein air,
le
soleil,
ont aussi leurs victimes.
Leurs
amants fous,
leurs cloqués mystiques,
les disposés à tout pour le soleil,
les
chics types.
Ceux qui sous les plaies,
jouissent,
d'une bonne santé,
une
santé profonde,
individuelle,
privée.
Les plaies et l'odeur de pourri,
dit-on,
ce
n'est qu'une mode,
une simple crise du système,
un
amour d'été,
une rapide et périssable fulguration.
Mais l'automne
reviendra
et
tombera
qui
devra.
La seule
chose permanente,
nous
dit-on,
le
luxuriant réseau,
les mailles imperceptibles,
obliques,
où
l'homme,
perd,
ses sens.
Vous avez raison messieurs,
le
pouvoir est à vous,
mais au poète,
rien
ne lui importe,
le
poète,
aime
la liberté.
La beauté de notre vieux blé américain,
poussant de toute part,
le
pain aimable des incas.
Les sexes multicolores de nos terres vierges
et nos fameux indiens sans dieu,
les tetus guaranis,
ceux qui ont paisiblement tout donné,
pour continuer,
à parler de la liberté,
Rois
du verbe.
Et il s'agenouillèrent face à la croix,
parce que sous ce ciel,
cela
revenait au même,
de parler de l'homme ou des dieux.
Après,
ils moururent tous.
Le
Christ croissait,
-entre les dures pierres des andes-
scellant l'incroyable
destin
américain.
De
sombres canons,
des
armes sophistiquées,
les plus féroces radiations atomiques
et
tout,
contre l'organe même de la vérité,
contre nos propres
et
chères,
cordes
vocales.
Il fallait,
faire taire,
le
strictement humain.
Ils moururent tous.
Le
sang,
porta
ses fruits
et
fut,
l'aliment visqueux
des
petits enfants,
et des champs.
Il
poussa,
des plantes sauvages,
une troisième force irrépressible.
Une race de fauves.
Sans aucun territoire pour vivre
et
de ce fait,
amants de la liberté,
de la parole inaccessible,
de l'obstinée
et
violente croyance,
que tout changera.
La haine
fut
nécessaire pour vivre,
la vie joyeuse,
un espoir.
Ils nous obligèrent à avoir de la pudeur,
ils nous inventèrent d'extravagants vêtements,
pour cacher notre beauté.
Elle,
dit-on,
était
insupportable,
une
beauté humaine,
un désir ardent de vivre,
une passion irrémédiable.
Ils opposèrent
au chant de nos sexes en plein air,
les marches nuptiales,
le baptême,
le sordide bruit de
mitraille,
et pourtant,
le poète,
aime la liberté.
Il veut voler,
il veut,
tout
dire.
Ils inventèrent pour la liberté du poète,
les espaces réduits,
les prisans,
une
place dans la culture.
Ils détruisirent tout
et pourtant,
le
poète,
aime la liberté.
Le rauque
murmure des mots à leur paraxysme.
Le poète,
ne
veut que chanter
et
l'Amérique,
chante dans le poète.
Nous
demandons,
un endroit pour vivre,
un espace pour nas cris,
paisiblement,
nous demandons le pouvoir.
Nous
sommes,
les dépossédés,
ceux qui ont étés privés,
dépouillés,
de leur histoire et des fruits.
Invention de la modernité,
nous
fûmes,
le nouveau monde,
la source ardente
et
les mystérieux
et sauvages nectars,
pour que ces messieurs jouissent éternellement.
Et pourtant,
le poète, aime encore la liberté.
Un accord définitif entre nous:
couper les flux,
pour que l'ennemi,
meure de vieillesse.
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