LA POÉSIE ET MOI

Miguel Oscar Menassa

 

MON PÈRE EST MORT

C'est à plein silence que j'écris
les vers les plus beaux.

Aujourd'hui j'aurais voulu étreindre mon père
et ça n'a pas été possible.
Mais enfants me tiraient
pour que je ne tombe pas
dans l'abîme de ses bras.

Nous avons fait des exercices de force et je les ai vaincus.
Ils se sont réjouis de ma jeunesse
et pourquoi ne pas le dire
avant les jeux
l'aîné doutait de mes forces.

Ce ne fut pas facile de le vaincre
il y a eu un instant
où ce qui régnait était l'équilibre.
Ensuite
son bras a cédé
lentement et nous avons commencé à rire
et à fêter
avec de vastes rires cristallins
d'avoir compris
que la conversation que nous avions
n'était pas encore terminée.

Après les jeux
moi aussi j'étais content
et pendant que je me baignais
je me suis imaginé
en train de voyager avec mes enfants à la mer.

Je laissais l'eau tomber sur moi
jusqu'à me confondre avec elle.
Ma chaude écume touchait
légèrement les pieds des petits
et de grandes vagues d'immensité
jouaient avec les grands
joyeusement mais fermement
le jeu de la vie:

Vaincre et avec la même passion
être vaincu.

Le père de mes enfants est né
et dans ce remous
semblable à la propre folie
où demain il n'y aura rien d'aujourd'hui
dans cette joie
mon père est mort.

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