L´AMOUR EXISTE ET LA LIBERTÉ

MIGUEL OSCAR MENASSA 1984

LIBERTE DIVIN TRESOR

Je suis un homme des villes,
un homme,
condamné à vivre parmi les pierres.
J'ai grandi entre la percale des robes
et les baves d'une dame insaisissable,
la liberté.
J'ai grandi sans vie intérieure,
dans la poitrine je porte une lanterne,
une petite, simple lumière et j'écris des vers.
Dans ma ville
quand certains meurent, quelqu'un chante,
lumière ténue,
il murmure dans les nuits une tristesse,
un vent d'aval de furies,
répétition où la mort a sa parole.
Enfant on m'a dit d'aimer Evita
et Evita était morte
et moi je l'ai aimée comme on aime les ombres de la nuit
et entre ses bras et les ombres nous serions des millions. 
Un souvenir:
mon cousin, Miguel Angel, fut tué dans le dos,
comme on tue ceux dont on ne peut supporter le regard. Quand Miguel, mon cousin, est mort, j'ai ressenti une
                                                                                 [douleur, une clarté définitive et, cependant,
le jour suivant je me suis levé en chantant.

Je suis devenu aveugle,
de voir mourir, de regarder tuer,
de voir passer tant de gens indifférents.
Dans les yeux j'avais des gouttes de sang, 
d'ardentes gouttes de violence dans mes yeux. 
Une haine, un amour, un éloignement sur tout.

Rugissements ocres, plaintes de la bête,
déchirés par l'illusion d'être,
par l'illusion de manger les fleurs
et tes yeux
et les chatouilles de tes pieds
et mes féroces morsures dans ton sexe,
comme si ton sexe était le fruit perdu de l'homme, 
ce citron, cette pomme inoubliable.

La liberté s'est parée de bijoux,
de pierres précieuses entre ses blanches soies
et entre ses chairs, de l'or.
Elle est devenue inaccessible monstre du lointain 
et, alors, j'ai grandi entre les ombres
et entre les ombres j'ai aimé la liberté:
fantôme aquatique,
alouette morte pour toujours,
entre tes fourrures,
dame lointaine, liberté perdue.

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