JE SUIS LÀ
ARRÊTÉ
Je suis là,
arrêté au centre de la terre.
Là où la terre aime tous les emportements.
Arrêté comme une fleur dans la saison parfaite
je chante et ma poésie est une voix parmi les voix.
Je suis arrivé
jusqu'ici
en laissant en chamin
tout ce que j'avais.
Les chemins étaient si abrupts
que même mon être m'est devenu pesant
et j'ai dû le laisser.
J'ai été la
sanglante Pampa désolée.
Agreste paradis
que celui des contradictions.
Absurde paradoxe de l'homme.
J'ouvre mon coeur
et dans mon coeur je ne trouve rien.
Seulement un peu de sang
des muscles en parfait fonctionnement
et un peu de pus
parce que j'ai vu mourir beaucoup de gens.
J'ai vu mourir des
gens de toutes les couleurs
Des Blancs et des Noirs pour les mêmes motifs
et pour des motifs différents.
J'ai vu mourir par le cul.
Au milieu de la forêt vierge.
Un homme ce siècle-ci
est mort
au milieu de la forêt vierge
et dans les palais
et même la tête
enfoncée dans la merde.
J'ai vu mourir mes
propres idées.
Mes propres désirs en tant qu'homme.
Ce siècle-ci j'ai vu mourir Dieu
et dans mon giron, aussi,
sur le point de mourir la poésie.
Inutilisée par la
mode.
Mal habillée pour que son être
soit la fête qui la nomme.
Pleine de fleurs et
de morts
des petits sanglots plus que des cris.
De petits tours de la vie
plus que de grands voyages.
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