LA POÉSIE ET MOI

Miguel Oscar Menassa

25 Avril 1982

JE SUIS LE LÉGER PARFUM D'UNE TERRE
PARFAITEMENT GELÉE

Et pour ne pas tomber au milieu de la rue
cette nuit
j'écrirai un poème de pierre.

Cette nuit je m'offre pour toi
calciné dans la douleur
entrecoupé de silences.

Je cherche entre les paroles ton corps
et mes vers se remplissent de tristesse.

Une silencieuse tristesse moribonde.

Ocre pierre massive où je grave
avec une précision insoupçonnée
l'histoire de tes corps:

Faible papillon multicolore
quiétude
sans ailes
sans ambitions de voler.

Galet roulé d'une plage morte
plage oubliée par la frénésie de la mer.
Inquiétant désir
que celui de ton corps baîllonné

Inquiétant amour
que celui de ton sexe enterré
sous le sable tranquille de la mer
où le vent ne passera plus.

J'ai connu aussi
ton corps incomparable
ouvert.
Grandes occasions
où tout se détruit
où tout s'oublie.

Ton corps
pétale fragile sur mes lèvres.
Ton corps
plein de multitudes et de bourrasques.
Humaine chair
pour en devenir fou et pour en vivre
ton corps
chair bestiale de lumière
oiseau transporté de joie par son vol.

Ton corps dans les étreintes.

Baisers où ta bouche
architecture de la magie
arrache du silence
des bribes
de brefs lambeaux
des hurlements de liberté.

 

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