LA POÉSIE ET MOI

Miguel Oscar Menassa

 

TROIS ANS SONT PLUS
QUE LES MILLE ET UNE NUITS

J'ai quitté Buenos Aires
en chevauchant les mots
où la poésie
a construit sa résidence.

Mille jours et mille nuits
et je me surprends, encore,
d'être vivant.

Je calme ma soif tous les jours
et je fais l'amour
quand les constellations du sud
me rappellent la Pampa.

Le ciel désolé m'appelle à l'amour...

Je suis ce qui reste
après le massacre
plus qu'un homme
une trace.

Le temps est passé
et avec le temps
sont passés
les visages de la mort.
Et tout fut délire
dans chaque masque.

Je n'ai pas de paix. Je n'ai pas de Paix.
J'ai dans ma vie les traces
d'avoir aimé la liberté.

La poésie dans mon dire
ne supporte pas les entraves
ni les chaînes
elle ne supporte pas la mort.

Au-delà de mon corps
les lettres de mes vers
chantent la vie.
Au-delà de mon amour
les lettres de mes vers
touchent l'univers.

Ma vie n'en peut plus.
Ces écrits sont
ce que peut ma vie.

Oiseau et serpent
je vole et je rampe
au rythme de mes passions.

Sorcier de moi-même
je transforme les râles
en musique
et je crois que je danse.

Une Patrie
devenue chiffon sanglant
un drapeau devenu blasphème
s'agite entre les morts :

Tuer
au nom de la Patrie.
Mourir pour elle, mourir
comme les pierres calcinées.

La vie ne m'a pas touché
seul son souvenir m'a touché.

Patrie
éparpillée par tout l'Univers.

Amérique d'argent
ils t'ont tachée de sang.

Tu es blessée
sang des ténèbres
Argentine de ciel
république du pain
blessée à mort
corrompue à mort.

Fougère effilochée
de l'histoire.

Vomissement de sang et de terreur
sur la liberté.

Oeil de miel
vidé à coups de feu.

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