LA POÉSIE ET MOI

Miguel Oscar Menassa

 

J'AI VÉCU COMME J'AI PU

J'ai vécu comme j'ai pu
tout ce temps
affamé
et je n'ai convaincu personne.

On en est arrivé à penser
que j'étais triste
que par moi
latinoaméricain
passait la nostalgie.

Aujourd'hui j'ai mangé un morceau de pain
et j'ai bu du vin
et le ventre plein
je me suis rappelé:

Après cinq ans
ma patrie
était de nouveau mes yeux.
Une rue sombre
sous un ciel sombre.

Foule grandiose
de morts affolés
vociférant
de vieilles
chansons de liberté.

Entre la liberté
mon père mort
est aussi ma ville.

J'entre dans mon âme
ces fantômes
et ce sont mes frères
et ce sont mes splendides
louves amoureuses.

Eantômes
visages déformés par l'horreur
mon visage aimé mon unique visage.

Après tant d'années
quand je me souviens
tout ce qui est à moi
est mort dans ma ville.

Sans ville et sans âme
je n'arrive
à rester nulle part.

Aucun amour n'aime ma solitude:

fantômes de fantômes
sans chaînes.

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