L´AMOUR EXISTE ET LA LIBERTÉ

MIGUEL OSCAR MENASSA 1984

 

L 'AMOUR EXISTE ET LA LIBERTE

I

J'ai été un homme
amant de la liberté
et les bienheureux jours a venir.
Ensuite sont tombés sur moi,
la guerre et ses ravages.

La liberté,
est devenue noire entre mes bras
et ce beau visage des souvenirs d'enfance,
son visage,
s'est évaporé lentement entre les yeux de la mort.

Des cris désespérés sortant à flots,
l'appelant pour la derniere fois et, elle,
haute et nue, rafale inaccessible de ciel,
ordonne de tuer.

 II

Nous ne savons pas, encore, nous ne savons pas: 
Oui est vivant et qui est mort?

III

Autour de nous,
la liberté continuait a voler librement
et volant,
on parlait d'elle dans d'autres mondes
et volant,
il y avait un regne au-delà du ciel,
où la liberté,
parmi les soleils des galaxies supérieures
régnait,
toujours intangible et sereine,
la vie des hommes.

IV

Pour vivre, il a fallu
se remplir la tête et l'âme d'illusions.

Pour vivre, il a fallu,
cesser de vivre.

V

D'un être déchiré nous avons fait une écriture.
Une écriture affamée d'avenir,
liberté aux quatre vents,
amour, fou et vivace, entre les lettres.

Une écriture désespérée,
effrénée chercheuse d'amour,
de liberté, d'humanité.
Tout ce qui n'existe pas.

VI

Temps où toute la musique,
était la plainte des moribonds.
Temps où toute la joie,
était souvenir.

VII

Entre les mugissements de la mort
je me suis plongé en moi-même.
J'ai voulu trouver un sens a l'univers
au centre de mes tripes.
J'ai fait de mon coeur,
un bref et opulent palais de ciment.
J'ai mis du fil de fer barbelé a ma peau,
je me suis entouré de fossés,
j'ai levé les ponts levis
et j'ai mis des chaines autour de moi
et des chaînes
et des réflecteurs contre le soleil
et j'ai cessé d'écrire, parce que je craignais,
que mon écriture ne transforme ma vie.

 VIII

 SILENCE
               c'était la seule chose qu'ils demandaient.

 IX

CRIER
            fut l'unique désir.

X

Criant et devenant muet pour ne pas mourir.
Se rappelant et oubliant tout pour ne pas mourir. 
Levant et baissant la tete pour ne pas mourir.

XI

J'ai voulu voler comme les oiseaux, grogner comme les
                                                                   [betes.
J'ai voulu être Dieu
et je mourais de faim avec les affamés.
J'ai voulu être des millions
et je pleurais avec les désespérés parce que pleurer,
est un souvenir de l'homme inoubliable.

La joie m'a transpercé jusqu'aux os quand j'ai opposé mon premier vers a la mort.

XII

CHERE MORT,
malgré toi,
malgré moi,
la vie continue.

XIII

Grotesques vagues, cataclysmes inespérés,
tiraillement viscéral.
Tortures
et faim
et petits péchés solitaires,
que le temps chatie par la mort.

Un temps ou tout nous est égal.

 XIV

Un temps,
un vent,
un opaque murmure,
te brise la vie en mille morceaux.
Ensuite, un homme est ce qu'il est.

XV

Après la catastrophe j'écris des vers 
et je fais I'amour parce que I'amour, 
fait aussi la guerreo

Je parle à mes enfants du mouvement des astres:
c'est possible de parler des étoiles sans les toucher
et nous restons a regarder, tranquillement, la lune,
le vol ivre d'une abeille entre les fleurs
et nous nous distrayons avec n'importe quelle bêtise
                                                               [de l'après-midi, parce que ça leur fera du bien, me dis-je,
d'oublier peu a peu le nom des morts.

Et je rêve toutes les nuits un futur brillant
et je me lève en cherchant un soleil
qui aujourd'hui non plus ne sera pas
et je cherche parmi les hommes avec qui faire la guerre, parce que la guerre, aussi, fait l'amour
et j'écris des vers.

XVI

Grandissant contre tout,
ambitionnant tout ce que je prononce,
j'ai mis des ailes,
des bougies électroniques,
des moteurs supersoniques à mon chant.
Et en grandissant j'ai fait des vers
et mes vers en grandissant,
furent ma vie.

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